A PEPE

Mon grand-père Marius m'a enmené à la pêche pour la première fois au début des années 70, c'était un pêcheur magnifique. Avec sa canne en bambou il traquait les chevesnes à la volante, il lisait l'eau comme personne. Avec lui, j'ai appris énormément. Par la suite, j'ai pratiqué à peu près toutes les pêches. Mais la traque des carnassiers n'a cessé de me hanter. Ce blog qui est simplement un moment de partage, je le dédie à mon pépé Marius.

mardi 8 mars 2011

Mes premiers Black...


C'était en 1987, un de mes amis, Fred Thomas, me parle d'un petit étang (environ 2ha), dans lequel il y avait des Blacks Bass (vous avez vu je mets des majuscules). A dire vrai je n'avais pas la moindre idée de ce à quoi pouvait bien ressembler ce poisson! J'ai donc attrapé le bouquin de Michel Duborgel, que je considérais à l'époque comme "La" référence":
"La pêche et les poissons de nos rivières, réédition de 1967".
Black-Bass: Microptérus salmoïde Lacépède..., je passe sur la description, mais je citerai seulement cette phrase de Duborgel qui me semble assez bien résumer la situation :
"Cependant, rien de ce qui se passe aux alentours n'échappe à sa surveillance."
Ensuite diverses méthodes de pêche sont exposées, leurres, vers, vifs etc... Et pour finir, je cite :
"Le black-bass est digne de figurer sur les meilleures tables et soutient la comparaison avec la truite, le brochet et la perche. D'ailleurs, toutes les recettes concernant ces trois excellents poissons lui sont applicables."...

Revenons maintenant sur l'étang. Un trou pratiquement rond avec une profondeur de 10 mètres. Le fond jonché de wagonnets et divers outils laissés sur place au moment de la mise en eau. Quand? Je n'en ai pas la moindre idée.
Les bords envahis de joncs et d'herbes et quelques plaques de nénuphars ainsi que de nombreux arbres morts. Avec le recul, le paradis du Black, non? Fred qui était parti au Canada quelques mois avant avait ramené quelques leurres dont des poppers, un leurre quasi inconnu en France, en tout cas dans ma Bourgogne. Un beau matin de juin, les deux Fred se sont retrouvés devant cet étang avec la sérieuse envie de faire du Black, je dois préciser que l'endroit était complètement vierge. Toute la matinée nous avons observé et leurré le balai de dizaines de Black, dont certains dépassaient tranquillement les 60cm, sans pouvoir en faire mordre un seul!!! Après concertation, nous avons décidé de changer de stratégie et d'opter pour l'appât naturel. Un vers monté en direct sur un fil de 25 avec un hameçon de 6 (genre truite). A peine le vers à l'eau que nous enregistrons les premiers poissons, mais que des petits!

J'ai passé deux bonnes heures ce jour là à essayer de prendre un Black d'une quarantaine de centimètres (à vue d'oeil) qui sortait de sa cache, observait le vers et remontait le long du fil, avant de retourner dans sa planque! Le genre de poisson qui rend fou, le Black quoi. Quelques jours plus tard, de retour sur le plan d'eau et après une discussion avec Franck Noirot, oui de chez Navicom, mais qui à l'époque était employé d'un magasin de pêche à Mâcon (chez Guerry si mes souvenirs sont bons). Cette fois et suivant les conseils de Franck, mon moulinet est garni de fil de 16 centième et je peux vous dire qu'un 16 de l'époque n'avait pas la résistance d'un 16 de maintenant! Je retourne sur le poste de mon Black qui rend fou, lance le vers accroché au 16 centième en direction de son poste. Le poisson sort de son antre et avale le vers, ferrage, et après de belles chandelles je mets à l'épuisette (je n'avais pas la moindre idée de comment le prendre autrement) un poisson de 2 kg (1,940kg pour être précis). Je dois dire qu'après un passage au beurre meunière il fût plus que délicieux! Ne me demandez pas pourquoi, mais à cette époque, pas un brochet, perche, Black, ou sandre ne retournais à l'eau, alors que je pratiquais le No-Kill sur les poissons blancs que je pêchais façon "compète" à la grande canne. Dans la cuisine de ma mère, un véritable génocide a eu lieu, entre le cours bouillon, le beurre meunière et le beurre blanc ou la terrine. Depuis 1983, j'avais décidé de devenir cuisinier!

Ce poisson de 2kg a changé beaucoup de choses dans ma vision de la pêche des carnassiers, car quelques jours après quand je suis retourné dans le petit étang, je suis allé près du poste où je l'avais attrapé. Bien sûr mon Black n'était plus là, (nous l'avions mangé), j'ai alors eu un certain malaise, comme si je n'étais pas à ma place, difficile à expliquer, certainement quelques regrets que mon compagnon de jeu ait disparu (pas trop tout de même, car il était quand même très bon!). Par la suite, j'ai pratiqué un No-kill non systématique, si vous me suivez. Puis finalement total!! Un brin extrémiste? J'espère que non.

Par la suite je suis retourné des dizaines de fois dans le petit étang et j'y ai pris des dizaines de Black. Puis mon métier m'a envoyé un peu loin et je n'y suis jamais retourné. Je dois dire que je n'ose plus y retourner, car après 20 ans que vais je retrouver de ce petit coin de paradis? Peut-être que l'un d'entre vous me décidera...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire